En octobre 2020, Julie Hodeaux, responsable du développement de la commune de Combloux, nous a contacté pour les aider à comprendre les besoins des jeunes collégiens et lycéens.
La plupart d'entre eux étant scolarisés en dehors de la commune, il était difficile d'aller à leur rencontre.
Le porte à porte ne nous a pas semblé opportun, nous souhaitions que ce soit les adolescents qui répondent, le plus librement possible, et non leurs parents.
Solucracy aux arrêts de bus

Nous avons décidé d'aller à leur rencontre aux arrêts de bus, pour leur poser les 4 questions et pensions ainsi tous les rencontrer en direct sans interférence.
William Gras et moi-même avons donc passé une semaine à Combloux pour couvrir tous les arrêts de bus sur la semaine.
Ce qui a fonctionné :
Nous avons pu rencontrer la majeure partie des jeunes et avons été très bien accueillis, sans compter que nous pouvions assister chaque matin à un lever de soleil sur le Mont Blanc
Ce qui a moins bien fonctionné :
_Nous pensions avoir plus de temps pour discuter mais la plupart arrivaient juste une ou deux minutes avant le bus. On leur donnait donc le formulaire pour qu'ils puissent le remplir eux mêmes, avec un lien vers le format numérique si besoin.
_Les transports scolaires n'acceptent pas d'adultes, il n'était donc pas possible de faire le trajet avec eux pour les interviewer.
_Les lycéens n'allaient au lycée qu'une semaine sur deux à cause du COVID.
_Tous ne reprenaient pas le bus le soir donc les chances de les revoir pour récupérer les flyers étaient réduites.
Dès que nous nous sommes aperçus que le nombre de réponses risquait d'être faible, nous avons contacté les lycées et collèges pour savoir s'ils pouvaient transmettre le questionnaire à leurs étudiants mais ils étaient réticents à ne contacter que ceux d'une commune parmi leurs centaines d'étudiants.
Nous avons alors décidé avec Julie de contacter les familles et les associations pour leur transmettre les questionnaires
Résultat : 39 réponses sur 198 jeunes, ce qui fait à peine 20%
Solucracy à l'internat
Combloux héberge également l'internat Assomption Mont Blanc au lycée HB de Saussure, nous leur avons transmis les flyers qu'ils ont diffusé dans les classes.
Résultat : 62 réponses sur 190, donc 32%
Nous avons également profité de notre présence sur place pour organiser un atelier avec les internes pour découvrir les ingrédients d'un moment de temps libre réussi, dont vous pourrez retrouver les réponses dans la synthèse jointe à cet article.
Ici aussi, cela n'a pas été sans mal, l'atelier s'est déroulé dans la cantine de l'internat, le soir de 19h30 à 21h30, après une journée de cours et le dîner, avec les contraintes COVID, donc les 40 et quelques élèves devaient rester assis à maximum 4 par table, par classe et ne pas se déplacer.
Autant vous dire qu'ils avaient plutôt hâte que ça se termine malgré nos efforts pour rendre l'expérience conviviale.
Pour le prochain atelier de ce type que je dois animer, plutôt que de demander le silence, je demanderais aux participants d'hurler le plus fort possible pour avoir le silence.
Demander le silence ne fonctionne pas :-)
Mais alors comment faire ?
Suite à cette expérience, je suis allé consulter d'autres facilitatrices, plus habituées à interagir avec des adolescents et nous avons fait une petite session de brainstorming.
Ont participé à cette session : Marianne Figarol, Nadège Hacq et Anne Laure Romanet.
Voici quelques pistes qui pourront être expérimentées pour la suite :
-
Aider à conscientiser ce qu’il pourrait y avoir en plus
-
Demande du temps, en direct. Etre proches d’eux, la réponse ne vient pas forcément tout de suite après avoir posé la question.
-
Plutôt s’axer sur des entretiens qualitatifs
-
Créer des partenariats avec les associations
-
Projet de coworking/coliving dans un village : On déjeune avec 2-3 jeunes et on prend 2 heures pour discuter et comprendre
-
l’impulsion ne se fait pas
-
Pas d’appropriation (ça ne nous concerne pas, pas trop pour nous)
-
-
Beaucoup de freins psychologiques pour exprimer les besoins et envies, c’est important de travailler sur l’imaginaire (inspirer et ouvrir)
-
Amener des gens d’ailleurs pour ouvrir le champ des possibles
-
Prendre le temps de créer la relation confiance/sécurité avant de leur demander quelque chose
-
S’intégrer un peu plus dans leurs activités existantes
-
Voir si les structures relais peuvent devenir ambassadrices (petites activités pour qu'elles puissent s'investir dans la démarche)
-
Faire un jouer un rôle aux parents, pour faire sortir leurs envies.
-
Trouver les adultes modèles :quels adultes écoutent-ils ?
-
Les sortir du "obligation et formel"
-
Faire une 2eme vague d'enquête sur les lieux repérés maintenant qu'on sait où ils sont , voir si certains jeunes peuvent devenir ambassadeurs de la démarche
-
Commencer avec ceux qui sont là pour faire grandir la dynamique, ne pas être trop strict sur la méthodo
-
Commencer avec les jeunes du village, en gardant une conscience de ceux qui sont à l'internat, et demander à eux comment ils peuvent les inclure
-
Faire réagir sur les premières réponses à l’enquête pour en générer d’autres
-
Commencer par des temps pour libérer la parole
-
Mode micro trottoir :s'exprimer sur des sujets un peu plus décalés
Mille mercis à elles pour ces indices qui s'avéreront utiles pour nos (et peut-être vos ?) prochains projets
Pour la suite
Nous avons présenté les résultats dans un atelier en ligne (COVID oblige) dont l'intention était de réunir un comité de jeunes motivés pour organiser un événement en Juin.
La mairie met à disposition le lieu, les ressources et ce sera à eux d'imaginer l'événement qu'ils souhaitent.
Avec le recul, il semble important d'avoir le temps d'aller à leur rencontre, dans un cadre propice à l'échange où ils se sentent bien.
Prochaine expérimentation à venir en allant au skate park ... Nous les accompagnerons dans cette démarche pour permettre au maximum aux 2 groupes de jeunes (habitants et internes) de coopérer sur ce projet.
La suite dans un prochain article !